Vin suisse et dormition (épisode 1: 17 mars 2020)

Montreux

Montreux, petite ville sur la Riviera

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances)  pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.

La bouteille du jour
La phase de sommeil économique causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

Les Perches 2016

Petite Arvine Les Perches
Photo: site internet de Benoît Dorsaz

Les Perches Petite Arvine de Fully 2016 de Benoît Dorsaz
Cépage endémique du canton du Valais la Petite Arvine est le symbole de la révolution viticole de la région. Occupant à peine 200 hectares, cette variété rare est pourtant considérée par beaucoup comme l’un des grands cépages blancs du monde. Cultivé sur des terrasses qui mêlent lœss (une sorte de sable créé par l’érosion du vent) et gneiss, ce monocépage élevé en cuve possède une remarquable élégance. La robe brillante offre de beaux reflets dorés. Au nez, les agrumes dominent, mais on perçoit aussi des notes délicates minérales et florales. En bouche, on apprécie la tension, la fraîcheur et la salinité, qui sont des traits distinctifs d’une bonne Petite Arvine. On aime aussi la profondeur et la persistance de la finale.

Un peu d’information sur le vignoble suisse
Dans la grande famille des organismes invasifs qui compliquent la vie des vignerons, je demande le plus ancien et le moins problématique de ces envahisseurs: le nopal. Appelé aussi figuier de Barbarie ou oponce, ce cactus a traversé l’Atlantique au milieu du 16e siècle. Les premiers textes à en faire mention dans les Alpes datent de 1775. Les botanistes ont recensé pas moins de six espèces de cactus dans les vignes du Valais, la plus grande région viticole de Suisse. Bien loin des étendues arides de l’Amérique du Nord, ce piquant végétal qui peut atteindre trois à cinq mètres de haut s’est trouvé une terre d’adoption: la «vigne aux cactus» de Marie-Bernard Gillioz, dix terrasses cultivées à l’ancienne dans le lieu-dit Les Corbassières, au-dessus de Sion. Ignorés par la reconstitution du vignoble, impropres à la mécanisation, préservés des herbicides, ces parchets qui accueillent du Chasselas, de la Syrah et de la Marsanne Blanche ont développé une flore luxuriante qui a fait l’objet, en 2010, d’un livre et d’une exposition du Musée Valaisan de la Vigne et du Vin.
Alexandre Truffer

Cet article est paru dans le dossier Premiers Grands Cru du hors-série Vaud 2017.

Retrouvez ici les autres épisodes de Vin suisse et dormition

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About the Author:

Journaliste indépendant et créateur de RomanDuVin.ch, Alexandre Truffer écrit régulièrement pour Le Guillon, la revue des vin vaudois, Terre & Nature et VINUM, le magazine européen du vin.

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