Entretien avec Jean-Claude Vaucher, Gouverneur du Guillon

Entretien avec Jean-Claude Vaucher, Gouverneur du Guillon, réalisé dans le cadre d’un dossier sur les confréries bachiques vaudois paru dans le hors-série Vaud 2019.

Jean-Claude Vaucher Photo: Michael Legentil

Jean-Claude Vaucher
Photo: Michael Legentil

Biographie
Né en 1954 à Bienne, Jean-Claude Vaucher suivi une formation commerciale avant de bifurquer vers Changins où il décrochera le titre d’ingénieur-œnologue. Après trois ans en tant qu’acheteur de vins aux Caves Mövenpick, il rejoint le groupe Schenk en 1982. En 2005, il devient président directeur général du Groupe Schenk, poste qu’il occupe à l’heure actuelle. Très impliqué dans les organisations professionnelles, Jean-Claude Vaucher est vice-président du Contrôle suisse du commerce des vins ainsi que de l’Association suisse du commerce des vins. En mars 2012, il a été élu Gouverneur de la Confrérie du Guillon.

Quelle est l’importance actuelle du Guillon?
Nous comptons aujourd’hui un peu plus de 4000 membres. Quelques 150 nouveaux compagnons sont intronisés chaque année, ce qui compte tenu des décès et des démissions, nous assure une croissance régulière de 1% par an. Bien entendu, c’est la plus grande des confréries de Suisse. C’est aussi l’un des membres les plus importants et les plus dynamiques de la Fédération Internationale des Confréries Bachiques.

Cette croissance va-t-elle se poursuivre indéfiniment ?
Nos 4000 membres de viennent pas chaque année à l’un des quatorze ressats. Comme il n’y aucune obligation d’être actif, nous pouvons encore grandir. A mon avis, on pourrait doubler le nombre actuel de compagnons. La Compagnie des Chevaliers du Tastevin, en Bourgogne, se prévaut de 12 000 membres, mais organise moins de manifestations que nous, sans que cela ne pose de problèmes apparents.  Il ne faut pas oublier que le but du Guillon, outre l’organisation de moments sympathique, reste la sensibilisation de personnalités plus ou moins connues ainsi que du grand public à la qualité des vins vaudois.

Et qu’en est-il des cotterds ?
Dans les cotterds, beaucoup repose sur la qualité du préfet. C’est lui, qui par son activisme va fédérer une communauté dans la région qu’il administre. Un cotterd organise des manifestations propres qui n’ont rien à voir avec les ressats. En 2012, nous avons fondé le premier cotterd hors de Suisse, en Savoie. Il fonctionne très bien grâce au dynamisme et au réseau de son préfet. De nombreux Savoyards ou Haut-Savoyards sont depuis devenus membres du Guillon. Nous pourrions imaginer d’en créer de nouveaux à Paris, Berlin ou Londres, mais nous nous heurterions à la notoriété relativement faible, et au manque de disponibilité, des vins vaudois à l’étranger. Toutefois, la question du développement hors des frontières mérite d’être étudiée avec attention et fait sans doute partie des axes qui gagneront en importance dans le futur.

Aujourd’hui, le Guillon fonctionne essentiellement sur du bénévolat. Faut-il professionnaliser la confrérie pour assurer des lendemains qui chantent ?
Le bénévolat est la très grande force du Guillon. C’est ce qui fait le charme et la confraternité entre les conseillers, ou chacun est coopté à l’unanimité. Une fois que des tâches deviennent rémunérées, l’esprit change.

On parle parfois de vous comme des «francs-maçons» du vin. Comment réagissez-vous à cette comparaison ?
Nous sommes une équipe d’amis qui nous engageons pour la promotion du vin vaudois sans que cela coûte un franc aux vignerons. Bien entendu, on rencontre parmi les compagnons des Conseillers fédéraux et des «people» étrangers, mais aussi «Monsieur et Madame Tout-le-Monde ». La vision de cercle élitaire qui nous colle parfois à la peau est totalement fausse.

A quoi le Guillon doit-il son succès ?
Soyons honnêtes, il est plus difficile de convaincre les gens de 18 à 35 ans, que ceux de 35 à point d’âge, d’entrer dans le Guillon. Ce qui me paraît lié au fait que les jeunes s’intéressent de plus en plus tard au vin. Nous sommes donc très heureux quand des gens qui n’ont pas encore passé la trentaine demandent à être intronisé. D’un autre côté, comme l’espérance de vie augmente chaque année, cela compense l’arrivée toujours plus tardive des jeunes dans la confrérie. En ce qui concerne le succès, je pense que les ressats constituent des soirées complètement hors-norme qui n’ont rien à voir avec un «wine and dine» traditionnel. Les ressats du Guillon ont lieu dans un écrin exceptionnel, au Château de Chillon. Il y a un accueil, un cérémonial, une qualité des plats et des vins ainsi que tout l’aspect de présentation des vins, qui demande un énorme travail de la part des chantres et des clavendiers. Tous ces éléments composent un tout qui n’a pas d’équivalent. L’importance accordée aux obligations vestimentaires et aux règles de la table contribuent à maintenir l’ambiance hors-du-commun, au sens premier du terme, de ces soirées. Enfin, il existe un esprit du Guillon qui implique que les compagnons sont fiers d’appartenir à la confrérie qui atteste, en quelque sorte, de leur qualité d’épicurien et de bon-vivant.
Alexandre Truffer

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