By 12 juillet 2011 0 Comments Read More →

La canette de qualité s’installe dans le vignoble romand

Ils sont au nombre de trois: Lavaux Blanc, un Chasselas friand, classique, au pétillant gouleyant mais doté d’une matière mure et relativement dense. Le Lavaux Rosé, une très belle réussite: un vin estival, fruité, frais, d’une couleur éclatante et doté là encore d’une vraie matière. Le Lavaux Rouge, un assemblage sans élevage en barrique, qui allie des notes fruitées mûres et des tannins bien fondus à une belle persistance aromatique. Ces trois vins, vinifiés par Fabien Bernau, l’œnologue de l’Union Viticole de Cully, ont pour caractéristiques d’avoir été créé pour un contenant qui fait débat la canette.

Canettes Neowines

La canette est-elle indigne ?
Première constatation lors de la présentation des vins de Néowines à la presse. La canette fait débat, elle pose problème aux consommateurs. De fait, moins les gens sont connaisseurs et plus elle dérange. Les journalistes spécialisés qui étaient présents sur les lieux étaient plutôt intéressés à déguster le produit (dans un verre, je précise) et le contenant leur paraissait un thème à traiter principalement sous l’angle marketing. Par contre, les personnes sans connaissance particulière sur le vin avançaient deux arguments négatifs: le contact avec le métal «abîm » et donne un goût au vin et la canette est synonyme de vin de mauvaise qualité. En ce qui concerne l’impact négatif de l’aluminium sur le vin, il était assez facilement répondu que l’alu est un matériau inerte et que s’il n’a pas d’impact sur le goût d’un soda ou d’une bière, il n’y a pas de raison qu’il trouble celui du vin. Sans oublier que la très grande majorité des crus passent un temps plus ou moins long dans des cuves métalliques qui, elles non plus, ne donnent pas de goût particulier au vin.
Concernant la relation entre mauvais vin et canette, Alain Toscan a une réponse directe: «Il suffit de mettre du bon vin en canette!» C’est d’ailleurs la philosophie de l’entrepreneur vaudois qui a inscrit sa devise Fine wine in can sur ses canettes. Comme le décrit le dossier de presse de l’entreprise, le vin de qualité en canette implique un changement de mentalité et comme toute évolution, celle-ci dérange! «Au cours des millénaires, le vin a été transporté dans des contenants très différents. (…) Si nous ne possédons pas de documents relatant les discussions et les disputes qui ont accompagné les changements de contenants des siècles précédents, nous savons par contre que l’arrivée de la capsule et du BIB ont déclenché des oppositions immédiates. Très virulents, les pourfendeurs de ces avancées technologiques s’appuyaient sur une argumentation qui, il faut aujourd’hui le reconnaître, se basait non pas sur des critères scientifiques ou gustatifs, mais sur des préjugés dérivés d’un conservatisme obtus.(…) A n’en pas douter, la situation sera identique pour la canette. Durant une phase de transition, une partie de la clientèle et quelques professionnels la bouderont ou la critiqueront pour de mauvaises raisons. Et puis, les consommateurs suivront et la canette passera dans les mœurs.»
Enfin, Alain Toscan rappelle que la canette est un contenant qui sert à transporter le vin. Pour sa consommation, par contre, rien n’empêche de le verser dans un verre. En bref, il n’y a pas plus de raison de boire à la canette qu’il n’y en a de boire directement au goulot d’une bonne vieille bouteille en verre.

Un nouveau public plutôt que révolutionner la consommation
Alain Toscan précise que: «Le but de NEOWINES n’est pas de concurrencer ni de remplacer la consommation traditionnelle de vin. Nous sommes persuadés qu’il existe une frange de la population qui pourrait être séduite par les avantages fonctionnels, écologiques et gustatifs du vin en canette. Tout montre que les modes de consommation d’un produit dépendent largement d’aspects pratiques liés au contenant (interdiction des bouteilles en verre dans les événements sportifs ou dans les manifestations culturelles, coût d’une bouteille de 75cl dans les clubs et discothèques, etc.)». Cette vision est partagée par la direction de l’Union Viticole de Cully, le partenaire viticole de l’aventure. Pour Martin Morgenthaler, son directeur: «Le marché viticole reste tendu et il faut constamment lutter pour trouver des nouveaux clients.» Le projet Neowines qui met en avant des vins estampillés AOC Lavaux, donc respectant un certain niveau de qualité garanti par l’appellation, lui semble une belle opportunité de développer des vins vaudois auprès d’une clientèle qui échappe aux canaux de diffusion habituels du vignoble. Ce d’autant plus que la Coop s’est montrée intéressée au produit et a déjà commandé plusieurs dizaines de milliers de cannettes qu’elle distribue dans plus d’une centaine de points de vente.
Pour le futur, Alain Toscan imagine que ses canettes de 2 dl accueilleront en plus de Lavaux AOC des séries spéciales encore plus haut de gamme. Dézaley, Gamaret en barrique, Syrah du Valais Grand Cru, Merlot du Tessin, Sauvignon Blanc de tel vigneron genevois renommé pourraient faire leur apparition dans un contenant en alu. Sceptique? Regardez le succès d’une entreprise comme Bibarium (qui commercialise du vin haut de gamme en BIB)! Il y a cinq ans, on parlait aussi de contenant indigne d’un vin de qualité et maintenant on trouve chez eux des Bag-in-Box griffés Stéphane Gros, Sophie Dugerdil, Nicolas Bagnoud ou Cave Dubuis et Rudaz…

Article paru en 2011 sur RomanDuVin.ch

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