By 6 avril 2020 0 Comments Read More →

Ces « étrangers » amoureux du vignoble genevois

Ils sont nés en Suisse centrale, à Zurich ou dans l’Hexagone, mais leur cœur bat pour le vignoble genevois. Rencontre avec des «étrangers» qui ont choisi de porter haut les couleurs des vins du canton le plus occidental de Suisse.

Premier canton à avoir adopté un système d’appellations d’origine contrôlée, première région helvétique à produire du vin, Genève a aussi joué un rôle de pionnier dans l’oenotourisme. En 1987, le canton met sur pied les premières Caves ouvertes. Le concept a aujourd’hui essaimé dans toutes les autres régions helvétiques. A côté de cette journée de tous les superlatifs, le canton accueille plusieurs manifestations populaires dédiées au vin telles que le Rallye gourmand, la Fête de la Saint-Martin à Peissy ou la Fête des Vendanges de Russin. Pour nous parler de ces événements, nous avons rencontré des «expatriés» qui ne les manqueraient pour rien au monde.

Cave ouvertes Genève Photo: OPAGE

Cave ouvertes Genève
Photo: OPAGE

Les Caves ouvertes de Genève
Le samedi 20 mai 2017, ils seront des milliers d’amateurs, de passionnés et de simple curieux à arpenter les quarante villages viticoles du canton de Genève pour vivre une nouvelle édition des caves ouvertes. Créé pour montrer aux habitants du canton qu’il existait des vignerons indépendants faisant de la vente directe, cette manifestation a très vite trouvé son public. Au début des années 2000, les organisateurs cherchent à touche la population cosmopolite qui réside dans la ville internationale. Pour ce faire, ils confient la promotion de l’événement à l’Opage. Les Caves ouvertes devient alors un incontournable de la vie sociale du bout du lac. Elles continuent à remplir un rôle didactique puisque les statistiques montrent qu’une proportion importante des visiteurs rencontre à cette occasion le vin suisse pour la première fois. Cette trentième édition permettra aux amateurs aguerris, comme aux novices, de franchir le seuil de près de 90 caves qui leur feront découvrir un millésime 2016 très prometteur. En ce qui concerne les spécialités élevées en barrique, l’excellent 2015 sera à l’honneur. Comme chaque année, des navettes gratuites feront le lien entre les différents villages viticoles. Pour découvrir la liste des domaines participants et trouver les réponses à toutes les questions éventuelles, une seule adresse : www.lesvinsdegeneve.ch

Josef Meyer : un Waldstätten au Château du Crest
Comment êtes-vous arrivé à Genève ?
En 1981, je suis venu dans le canton de Vaud pour apprendre le français. Quelques années plus tard, je cherchais un travail et le Château du Crest m’a engagé comme gérant. En 1994, la famille Micheli, propriétaire du domaine depuis 1637, a décidé de mettre le domaine en fermage. C’est ainsi que je suis devenu le fermier du Château du Crest.

Comment s’organise le vignoble du Château du Crest ?
Nous vinifions et mettons aujourd’hui en bouteille une vingtaine d’hectares, dont dix-sept que nous cultivons nous-mêmes. Sur cette surface s’épanouissent une vingtaine de cépages répartis équitablement en variétés blanches et rouges. La vigne n’est toutefois pas le seul atout du domaine, qui fait partie des plus grandes exploitations agricoles privées de Suisse et abrite aussi un élevage de porcs. En ce qui concerne la commercialisation, nous approvisionnons quelques magasins Coop de la région, mais nous privilégions la vente directe, entre autres lors d’événements organisés dans l’enceinte du château.

Et la Suisse alémanique?
Nous commercialisons 80% de notre production dans un rayon de 25 kilomètres. Le solde s’exporte en Suisse alémanique, principale en Suisse centrale d’où je suis originaire. Maitriser le dialecte constitue un atout indéniable. Nous organisons des événements sur place pour cette clientèle et recevons une trentaine de groupes – sorties d’entreprise ou société locales – qui viennent visiter le domaine. Par contre, nous ne cherchons pas forcément à les faire venir à l’occasion des portes ouvertes.

Rallye Gourmand Photo: OPAGE

Rallye Gourmand
Photo: OPAGE

Rallye gourmand
Le concept n’a rien de sophistiqué : un balade d’une dizaine de kilomètres dans la campagne genevoise parsemée d’étapes savoureuse où des producteurs de produits du terroir d’exception et des vignerons de talent proposent leurs meilleurs créations. L’édition  2017, agendée pour les 19 et 20 août, emmènera baguenauder les gourmets dans les bucoliques vignobles de la commune de Dardagny. Les inscriptions sont obligatoires et les intéressés feraient bien de se presser, car la manifestation a beau n’en être qu’à son quatrième millésime, elle fait déjà figure d’incontournable. Ce succès semble dû autant à l’ambiance chaleureuse, qu’à la qualité des vins et des plats proposés. Pour résister au six heures de promenade (pauses comprises) qui sont proposées, les organisateurs ont prévu six étapes gastronomiques. Au moment de l’écriture de l’article le menu n’était pas encore finalisé. Nous pouvons cependant vous confirmer que les viandes d’André Vidonne, les desserts des Artisans boulangers confiseurs du canton de Genève ainsi que les fromages des Laiteries réunies de Genève comme de la Chèvrerie du Champ Courbe ont confirmé leur partenariat. Pour de plus amples informations et pour s’inscrire (nombre de places limité), rendez-vous sur : www.geneveterroir.ch

Albert Keller: un gourmet allié du Rallye
D’où vous vient votre amour des vins genevois ?
Dans les années 1970, j’ai travaillé et vécu pendant cinq ans à Genève. Je suis alors devenu, et resté, un ami de Genève et des vins genevois.

Vous êtes connu comme un habitué du Rallye gourmand?
Je suis venu à la première édition et j’ai beaucoup apprécié cette manifestation. Depuis, je fais le déplacement chaque année avec un groupe d’amis.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le Rallye gourmand?
C’est un tout. La qualité des vins est excellente, c’est l’occasion également de découvrir la gastronomie genevoise, ce qui n’est pas le cas lors des Caves ouvertes. Sans oublier l’ambiance qui est très agréable. S’il fallait citer un moment particulier, je dirai que la première édition a été un souvenir mémorable. J’y ai retrouvé des amis perdus de vue depuis longtemps et l’impression générale a été si bonne que j’ai décidé d’en faire un incontournable de mon agenda.

Que pensez-vous des vins de Genève?
Je les ai découverts dans les années 1970 et on peut dire qu’il y a une énorme évolution. Surtout en ce qui concerne les spécialités. A mon avis, ce sont tout simplement les meilleurs vins suisses. Je fais aussi régulièrement le déplacement chez des vignerons que j’apprécie et chaque visite renforce cette conviction. J’ai aussi pu convaincre certains de mes amis que la qualité du vignoble genevois atteint les sommets. Ce qui les a poussés à m’accompagner au Rallye gourmand.

Trouve-t-on des vins genevois en Suisse alémanique?
J’habite dans le canton de Berne, près de la région des Trois-Lacs. Un certain nombre de bons restaurants proposent des cuvées de Genève, mais il faut connaître les bonnes adresses. Disons qu’il y a peu de chances de tomber sur une carte bien achalandée en vins de Genève par hasard.

Un vin genevois typique à conseiller?
J’aime beaucoup l’Esprit de Genève. Avec sa forte proportion de Gamay, il fait figure de symbole du vignoble genevois. S’il fallait nommer un producteur fétiche, ce qui est toujours difficile, je dirai que je ne manque jamais de visiter le Domaine Les Hutins, à Dardagny.

Fête des Vendanges Photo: OPAGE

Fête des Vendanges
Photo: OPAGE

Fête des Vendanges de Russin
Du 15 au 17 septembre 2017, Russin bascule dans l’orbite de Bacchus. Cette petite commune du Mandement qui compte un peu plus de 500 habitants devient le centre d’un maelström vitico-gastronomico-festif. Cortège avec chars fleuris, fanfares à tous les coins de rue, orchestres live et concerts dans toutes les buvettes de la commune, fête des enfants (incluant peinture collective géante, château rigolo, parcours d’obstacles, catapulte à bonbons et atelier bricolage), marché mélangeant stands de produits du terroir et artisans de la région composent le programme. Doyenne des événements festifs du vignoble genevois, la Fête des Vendanges de Russin fête sa 55e édition. Les crus du village, mais aussi du canton, y sont particulièrement à l’honneur, surtout lors de l’initiation à la dégustation animée depuis plusieurs années par Vincent Debergé, le directeur du restaurant Le Chat Botté à l’Hôtel de Beau Rivage. Attention, les places (une centaine de sièges sont disponibles) sont disputées et les réservations peuvent se faire dès le 10 août à 8h. Programme et informations détaillées sur le site www.fetedesvendangesrussin.ch

Vincent Debergé : enseigner la passion du vignoble genevois
Comment avez-vous découvert la Fête des Vendanges de Russin ?
Je suis arrivé à Genève il y a six ans. Comme le Beau-Rivage organisait des concours de vins pour amateurs, j’ai eu très vite des contacts avec l’Opage et Denis Beausoleil. Rapidement, il m’a demandé si je pouvais animer les cours de dégustation de la Fête des Vendanges, ce que j’ai tout de suite accepté.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce cours de dégustation ?
Je déguste les vins à l’aveugle, sans les avoir goûté avant. A Russin, nous ne sommes pas dans le cadre d’un palace. Il faut être capable de faire passer le même message que l’on transmet tous les jours au restaurant en utiliser des termes accessibles. C’est un défi à renouveler chaque année, mais j’adore ça. Le samedi, je présente sept vins devant 130 personnes. Je les goûte en même temps que les participants. Cela donne une dégustation sans aucun filtre. Il se peut que je n’aime pas l’un ou l’autre vin. Dans ce cas, je ne vais pas le démolir, mais plutôt expliquer quels aspects ne me plaisent ou ne me convainquent pas. Le dimanche, je remets le couvert avec sept vins – dont deux sont des coups de cœur – devant quatre-vingts personnes.

Quelle est la clientèle de ce cours de dégustation ?Au début de la présentation, je demande à ceux qui ont déjà pris un cours de dégustation de lever la main. Ils ne sont jamais plus de deux ou trois. Pour chaque vin, je décris l’œil, le nez, la bouche et je fais un accord mets et vins. Je parle alors d’un plat que je peux me faire à la maison, pas d’une recette d’un chef étoilé.

Quand on vous demande de définir les vins de Genève, que répondez-vous ?
C’est un terroir méconnu, pourtant c’est une appellation à mi-chemin entre Lyon et le Valais, ce qui implique une forte influence rhodanienne. De plus la campagne genevoise est naturellement configurée pour accueillir des vignobles. Il suffit de s’y promener pour remarquer la profusion de vallons, et donc de coteaux, particulièrement adaptés à la culture de la vigne.

Vous êtes un Français qui promeut les vins de Genève, comment est-ce perçu ?
Certains pensent que c’est du bluff, que je fais cela pour me faire accepter. En réalité, mon intégration ici doit beaucoup aux vignerons. Ils m’ont permis de comprendre, d’aimer et de faire partager ce terroir, devenu mon terroir.

Cet article est paru  dans le hors-série Genève 2017

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