Première verticale de l’année (Vin suisse et dormition: épisode 38)

Vin suisse et dormition : épisode 38 1er mai 2020

Il existe des mandats plus agréables que d’autres. Mon préféré est peut-être ma collaboration à la mémoire de la Cave Philippe Bovet. Ce producteur, qui fait partie des meilleurs vinificateurs de Suisse, m’a demandé en 2010 de déguster – et de consigner par écrit le résultat de ces dégustations en commun – de tous ses vins, sur les huit millésimes produits. Ces fiches avaient deux objectifs : donner une indication sur le potentiel de garde de ses vins et servir de fiche technique lors de verticales organisées pour ses clients. L’expérience a été reconduite en 2015. Et pour les vingt ans de la cave, cette année, nous avons remis le couvert. Deux vins, soit près de 35 crus des millésimes 2002 à 2019, ont montré l’excellente tenue des millésimes froids. Du côté des millésimes chauds, 2003 a déçu en bien, 2005 a déçu tout court, 2009 a confirmé les attentes, 2015 et 2018 se montrent très prometteurs.

La bouteille du jour
La dormition causée par le coronavirus va porter un coup très rude à un vignoble suisse déjà touché par la crise. Afin d’apporter un maigre soutien aux vignerons sur lesquels j’écris depuis quinze ans, j’ai décidé d’ouvrir une bouteille de vin suisse par jour de confinement (deux précisions: j’ai dit ouvrir, pas forcément finir, et vu que ma cave compte près de 600 bouteilles de vin suisse, je ne crains pas trop de tomber à sec).

Petite Arvine 2018 Jean-Louis Mathieu
Régulièrement médaillée dans les concours internationaux, cette Petite Arvine fait preuve d’une belle typicité. La glycine et les agrumes sont très présents au nez, la vivacité et la finale saline marquent la bouche relativement volumineuse de leur empreinte. Ajoutez une belle robe dorée et un équilibre très réussi, malgré la chaleur du millésime, et vous aurez une spécialité racée plus qu’agréable avec un filet de saumon suisse.

Un peu de culture sur le vignoble suisse
Capitale cosmopolite et ville internationale, Genève abrite des centaines de restaurants privilégiant les saveurs exotiques. Toutefois, savourer un Pad Thai, un ceviche ou un sashimi dans les règles de l’art ne veut pas dire se priver de vin genevois. Bien au contraire comme le prouvent les trois établissements où nous sommes allés marier crus locaux et gastronomie des antipodes.

Notre dossier sur les accords entre vins genevois et cuisine du monde.

Journaliste sur le vin, spécialisé sur le vignoble helvétique, j’habite à Montreux. Mi-mars 2020, cette petite ville animée sur les bords du Lac Léman est entrée, comme le reste du pays, en dormition (un terme religieux qui désigne une mort sans souffrances) pour cause d’épidémie de coronavirus. Travailleur indépendant, rédacteur en chef de l’édition francophone de VINUM, père d’une petite fille de trois ans, président d’un concours international (le Mondial du Chasselas), je dois désormais réorganiser à peu près tous les pans de ma vie privée et professionnelle. Traverser le confinement, et survivre au cataclysme économique qui le suivra, va être une aventure exigeante dont ce journal de bord entend garder la trace.
Alexandre Truffer

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