By 31 mars 2020 0 Comments Read More →

La naissance de la vigne

Propriétaire de l’une des plus importante pépinières du Valais, Eric Germanier greffe bon an mal entre 350 000 et 400 000 plants par année. Ce maïeuticien de la vigne nous présente les défis d’une profession de plus en plus rare sous nos latitudes.

 

Pépinière Philippe Rosset Photo: Philippe Rosset

Pépinière Philippe Rosset
Photo: Philippe Rosset

Afin de planter des vignes résistantes au phylloxéra, il est indispensable de greffer des plants de vigne européenne du cépage (Pinot Noir, Chasselas, Sauvignon Blanc, Riesling, Syrah ou n’importe laquelle des 250 variétés recensées en Suisse) que l’on désire vendanger sur des porte-greffes de vigne américaine résistante au ravageur. « Ces bois américains sont importés de France ou d’Italie, car il n’y a presque pas de production indigène, explique Eric Germanier. Les vignes qui donnent les greffons font partie des vingt hectares de vignoble que nous travaillons Il y a une exception, les vignes de la Sélection Valais. Chaque fois que l’on vend des plants certifiés, les greffons sont tirés de parcelles mères faisant partie d’un conservatoire qui appartient aux pépiniéristes du canton. Pour produire une vigne prête à être mise en terre, il faut un long processus qui dure une année et demie.»

  • Novembre de l’année 0: commande des porte-greffes (bois américains)
  • Janvier de l’année 1: réception des porte-greffes
  • Janvier-février de l’année 1: préparation des porte-greffes. Ils sont éborgnés (les bourgeons sont arrachés) puis coupés à la longueur désirée. Celle-ci dépend du système de culture de la vigne. Pour des parcelles en gobelet, on préconise une longueur de 50 centimètres. Le ¾, soit 35 à 40 centimètres domine les cultures sur fil. Les tailles plus courtes sont réservées aux cultures de plaine, car celles-ci sont parfois butées (pour les protéger du gel, le vigneron recouvre de terre la plante : il importe donc que le point de greffage, qui est aussi la zone la plus fragile du cep, soit le plus près du sol possible). «Bien entendu, précise le pépiniériste, ce sont des données de base. Nous nous adaptons aux demandes des vignerons. De fait entre les porte-greffes, les différents cépages et la diversité des longueurs, notre catalogue contient pas loin de 80 articles.»
  • Janvier-février de l’année 1: préparation des greffons. Les bois sont découpés dans les vignes à greffons. Chaque bois est ensuite découpé en portions de quelques centimètres. Afin que la vigne pousse, il faut que chaque greffon porte un bourgeon.
  • Mars-avril de l’année 1 : greffage. Greffons et porte-greffes ont été conservés pendant deux mois en chambre froide. Une machine dite Oméga découpe greffon et porte-greffe selon la forme de cette lettre grecque tandis que l’assemblage des deux végétaux requiert la main experte d’un employé qualifié. Une fois la greffe terminée, les barbues sont plongées dans de la cire chaude afin de protéger le point de greffe contre le dessèchement «le principal ennemi du pépiniériste» et certaines maladies de la vigne.
  • Mars-avril de l’année 1: les barbues sont stockées dans des caisses remplies de sciure de bois.
  • Deux semaines avant la plantation: le forçage. Afin que la greffe prenne correctement et qu’un cal se forme autour du point de greffe, les barbues sont mises dans une pièce chauffée à 30 degrés. «En moyenne, le forçage dure une dizaine de jours. Parfois, tout est terminé en huit jours, parfois, il en faut treize. A ce moment, tout est une question de doigté et d’expérience.»
  • Fin mai de l’année: plantation des barbues. «Pour éviter les problèmes de gel, apocalyptiques pour ces nouveau-nés, nous attendons toujours que le dernier saint de glace soit passé. La plantation se fait en trois jours. Nous doublons notre équipe, car c’est un travail très astreignant. Les meilleurs terrains – qui sont des terres agricoles et non viticoles – se trouvent dans la plaine du Rhône. Jusqu’à la fin du mois de juin, la barbue utilise les réserves qui se trouvent dans le bois. Ce n’est qu’ensuite qu’elles commencent à développer des racines.» Plantées tous les vingt centimètres dans du plastique, les barbues sont arrosées par goutte-à-goutte.
  • Novembre de l’année 1: Pendant six mois les barbues sont arrosées et protégées contre les ravageurs de la vigne. En novembre, les plants sont arrachés, amenés à l’atelier où l’on vérifie d’un coup de pouce que la suture soit solide. «On vérifie aussi que l’enracinement soit solide. Si rien ne cloche, on conditionne les barbues pour l’expédition avant de les stocker en chambre froide»
  • Février de l’année 2 : début de la vente

Alexandre Truffer

Cet article fait partie du dossier Une plante pas si commune paru dans le hors-série Valais 2017

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